CLAUDE TROIN ENTRE MINERAL ET VEGETAL

Avec l'exposition de Claude Troin, nous referons provisoirement Ie premier cycle cons acre aux artistes de notre région qui méritent amplement une lecture au grand jour. Ce qui fut Ie cas de Salkin, Villeri, Hunold, Dawson, Brandy, ainsi que de la reconstitution du parcours du galeriste Alexandre de la Salle.

Claude Troin est certainement l'artiste Ie plus discret que je connaisse... J'éprouve une grande joie à accueillir Claude, que sa trop grande modestie a mis en retrait de 1'actualite artistique (il n'est à 1'evidence ni mondain, ni carriériste). Avec rapport des études de Paule Stoppa, d'André Verdet et de Jacques Simonelli, accompagnées d'un témoignage amical de Ben, nous avons une meilleure approche de la vie et de l'oeuvre de Claude Troin.

Après sa petite enfance passée a Annot et l'installation de sa famille à Nice, Claude découvre la peinture au marché aux puces (qui etait alors sur les rives du Paillon), en admirant les toiles sensuelles des vieux maîtres inconnus. II est admis en 1954 à l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Nice située à I'époque rue Tonduti de l'Escarène. II apprendra son métier dans les ateliers de Bret et de Gambier. Il sait qu'il sera peintre ! Claude poursuivra avec passion son dialogue avec la peinture en dehors des mouvements naissants : Nouveau Réalisme, Fluxus, Support-Surface, Art conceptuel... II évitera Ie chemin des avant-gardes, sans être hostile aux nouveautés de son temps (la preuve, il fréquente le magasin de Ben, a quelques mètres des Arts décos, et y rencontre François Fontan, Ie fondateur de 1'Ethnisme). Claude n'aura de cesse que de construire sa peinture en fonction des pulsions de son .cœur.

À la fin des années 60, il entame dans l'espace artistique un parcours solitaire. Dans son atelier, il tâtonne à l'écart des dogmatismes et des imprécations anti-peinture du débat entre mécanistes et conceptuels. Les titres de ses travaux se font évocateurs : Le bûcher de Montsegur, La bataille . de Muret, Ethnies opprimées, Per un uomo et Per un païs, peintures dédiées a Salvador Allende et au Chili. Troin traduit dans sa peinture les soubresauts du monde... Il se lie d'amitié avec Jean-Louis Veyrac, un être rayonnant de savoir et de bon sens qui a parfaitement assimile et prolonge Ie travail de Fontan.

Ce qui me touche chez cet artiste, c'est son humanisme et son amour sans borne pour la peinture.     .

Cette exposition retrace son itinéraire, avec force et conviction. Des toiles réalisées dans différents ateliers, à la Madeleine, à la Gare du Sud et dans son beau village d'Annot, point d'ancrage important pour lui, en témoignent.
Nous sommes heureux et fiers de rendre cet hommage à Claude Troin dans les murs chargés d'histoire du Château de Carros, entre minéral et végétal.
Enfin, nous ne saurions passer sous silence Ie rôle de Robert Pozun et de Jean Queyrel, que nous remercions pour leur aide efficace dans l'élaboration de cette exposition.

Frédéric Altmann
Directeur du C.I.A.C.